Prévention des risques : une prise de conscience progressive
Penser à sa santé fait partie du travail. « Jeune, on ne s'en soucie pas ou peu et quand on s'en rend compte, il est souvent bien tard », souligne Pascal Bériot. Responsable de l'entreprise iséroise Edelweiss Jardin, il rappelle le rôle de la Mutualité sociale agricole (MSA) en termes d'accompagnement, d'évaluation et d'information pour raisonner son chantier, choisir les bons outils et les entretenir...
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La Lettre du Pic Vert, rédigée par la MSA des Alpes du Nord, fête ses 20 ans. Diffusée auprès de toutes les entreprises paysagistes et de reboisement de Rhône-Alpes, cette publication est un outil de prévention des accidents du travail et maladies professionnelles destiné aux employeurs comme aux salariés et aux travailleurs indépendants. Elle a largement contribué à une prise de conscience progressive des risques liés à l'exercice de ces métiers. Témoignage au coeur d'Edelweiss Jardin, une entreprise du paysage située à Saint-Ismier (38), près de Grenoble.
Deux dangers majeurs
ÉCHELLES, ESCABEAUX ET OUTILS MÉCANIQUES COUPANTS
Edelweiss Jardin est dirigée par Pascal Bériot. Cette entreprise réalise des travaux de création (pavages, engazonnements, plantations, clôtures...) et d'entretien avec beaucoup de taille : (sur haies, grands arbustes ou conifères....), et des petits élagages. Créée il y a 28 ans, elle a compté jusqu'à cinq employés. L'effectif est à présent plus réduit : Pascal Bériot travaille avec son fils et un apprenti en formation. « Quand j'ai lancé mon entreprise en 1985, la prévention n'était pas encore bien présente dans les esprits. Il n'y avait pas de protection auditive, ni de visière pour l'utilisation de la débroussailleuse, pas de masque lors des traitements phytosanitaires, ni de harnais d'élagage... », reconnaît-il. « Petit à petit, nous avons pris conscience des dangers liés à notre activité. Maintenant, pour la plupart des professionnels, il est inconcevable de travailler comme autrefois, autant du point vue de la réglementation et de la législation que de celui de la responsabilité morale du chef d'entreprise vis-à-vis de la santé de ses employés. Cette évolution a été très progressive. Les mesures de prévention sont issues, d'une part, d'une réflexion à l'initiative de l'employeur ou à la demande des salariés, sur certains points et, d'autre part, d'un travail avec les conseillers de la MSA des Alpes du Nord. » Aujourd'hui, la prévention des risques est d'ailleurs intégrée dans les programmes de formation professionnelle.
Mais comme plusieurs sociétés, Edelweiss Jardin a connu divers accidents du travail : près d'un par an en moyenne les premiers temps. Heureusement sans gravité pour la plupart, ils ont toutefois soulevé un certain nombre de questions : « Beaucoup d'accidents, lors des tailles, nous ont amenés à faire évoluer nos méthodes. Nous avons identifié deux dangers majeurs liés à cette activité : l'utilisation des échelles et escabeaux lors des travaux en hauteur et, celle des outils mécaniques coupants comme les taille-haies et les tronçonneuses. » L'évolution du matériel a permis de résoudre quelques points : l'utilisation des taille-haies perches limite, par exemple, le risque de coupure sur soi-même, tandis que les échafaudages et « plates-formes individuelles roulantes » offrent un meilleur confort et une meilleure sécurité (*). Quant au camion-benne Empliroll, il soulage le dos lors des chargements : la benne peut être posée au sol ce qui facilite les chargements.
Accidents
DE VIGILANCE ET D'ANALYSE DU TRAVAIL
Mais c'est surtout l'organisation qui est le point le plus important. Par exemple, les employés ont reçu pour consigne de ne pas travailler à deux de front sur une même haie (par dessus et par le côté arrière) ; ils doivent utiliser le matériel adéquat : tronçonneuses et taille-haies télescopiques pour éviter les situations dangereuses en haut des échelles lors de la taille des cyprès de Provence ou d'ifs en pyramide ; stabiliser les échelles avec deux piquets en cas d'intervention sur une façade ou un talus ; ne jamais se déporter de l'axe de l'échelle ; porter des protections anticoupures (manchettes, pantalon, gants) lors de chaque utilisation des tronçonneuses...
« Si ces consignes sont globalement bien acceptées par les salariés il faut rester vigilant, surtout lors de travaux ponctuels », constate Pascal Bériot. « Pour les tâches importantes, le port systématique des vêtements anticoupures est respecté, mais on hésite toujours à les enfiler si on a seulement quelques branches à couper. Or, c'est souvent lors de ces “bricoles” que les accidents se produisent, par manque de vigilance et d'analyse préalable du travail. Le seul accident grave que l'entreprise ait connu concerne une chute d'échelle en coupant quelques pousses en haut d'un if pyramide, alors que l'employé avait la possibilité d'utiliser le taille-haie télescopique... »
Risques à plus long terme
L'EXPÉRIENCE DOIT SERVIR AUX JEUNES
Si, aujourd'hui, les accidents du travail proprement dits sont plus rares, il existe un autre type de risques plus difficiles à appréhender : ceux qui se déclarent à plus long terme, suite à l'utilisation prolongée de matériels ou à de mauvaises postures, en particulier les lombalgies, les troubles musculo-squelettiques (TMS). Beaucoup de paysagistes autour de la cinquantaine connaissent ces symptômes : tendinites, problèmes d'épaule, d'audition... « Quand on est jeune, on ne se soucie pas ou peu de ces problèmes et quand on s'en rend compte, il est souvent bien tard. Aujourd'hui, notre expérience doit servir aux jeunes et éviter qu'ils reproduisent les mêmes erreurs. C'est pour cela que je m'attache à bien insister sur ces aspects auprès de mon fi ls et de mes employés », poursuit Pascal Bériot. « Sur ces points, l'aide de la MSA, par les conseils directs ou au travers de la lettre du Pic Vert, est précieuse : connaître le nombre d'heures à ne pas dépasser quotidiennement avec tel ou tel matériel compte tenu des vibrations, alterner régulièrement entre la taille et le ramassage, adopter les bonnes postures pour le dos et les bras... Éviter, par exemple, de travailler les bras plus hauts que l'épaule, ou utiliser une potence pour les taille-haies. Ce sont des conseils simples, mais si j'en avais eu connaissance auparavant, j'aurais pu éviter des douleurs récurrentes aux épaules qui me font souffrir aujourd'hui. »
Privilégier le confort
LE BON OUTIL
L'entretien du matériel est aussi un aspect mis en avant par la MSA : affuter les outils de coupe pour limiter les efforts, signaler par une étiquette spéciale les outils en panne ou défectueux, choisir du matériel en fonction du confort d'utilisation et pas seulement des performances techniques. « Auparavant, pour le même prix, nous choisissions l'outil de coupe (pour un taille-haie par exemple) le plus long, pensant qu'il nous permettrait de gagner du temps lors de la taille. Aujourd'hui, nous privilégions le confort, notamment des appareils plus légers avec des lames courtes, moins difficiles à manier. Au final, le travail se fait plus facilement. C'est la même chose au niveau des débroussailleuses : mieux vaut disposer de plusieurs matériels de puissances différentes... Une débroussailleuse simple et légère est amplement suffisante pour finir la plupart des bordures de gazon. On réservera les plus puissantes pour les fauchages ou les débroussaillages. »
Claude Thiery
(*) Article R. 4323-63 du code du travail pour les conditions précises d'utilisation.
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